La page Facebook du blog!

mercredi 23 octobre 2013

Cinquans

Aujourd'hui, Zébulon a cinq ans. J'ai un peu du mal à croire qu'il y a cinq ans, j'étais à la maternité avec un petit paquet de trois kilos dans les bras. Cela me parait tellement loin, et puis paradoxalement le temps est passé très vite, aussi.
Déjà la moitié d'une décennie de passée. Le ventre qui pousse gentiment, le tout petit paquet dans les bras, le bébé RGO qui hurle pendant des heures, le bambin qui fait ses premiers pas, le petit bonhomme qui dit deux, puis trois, puis quatre mots alignés, le "terribeul two" qui se roule par terre et pique des colères monumentales, l'écolier qu'on va chercher la boule au ventre en se demandant avec quelle tête la maîtresse va nous accueillir, le petit grand garçon qui, tout d'un coup, mesure plus d'un mètre, chausse du 29, est de plus en plus nettement différent de ses camarades.

Votre bébé est trop souvent dans vos bras, votre bébé ne devrait pas téter si fréquemment, votre bébé va avoir mal au dos dans l'écharpe de portage, votre bambin est très énergique, votre bambin ne veut pas faire la sieste, votre enfant est mal élevé, votre enfant a besoin d'un cadre, votre enfant a été vu par le psychologue scolaire, votre enfant a besoin d'un bilan en psychomotricité, votre enfant est une terreur sur pattes, votre enfant est TDAH, votre enfant est Asperger.

Je me demande où nous en serons dans 5 ans, dans 10 ans. Je n'arrive pas à me projeter à son âge adulte. Est-ce qu'il fera des études, aura du travail, une petite amie?

Parfois, j'ai du mal à suivre le rythme. Une minute, il fait des choses "normales" de petit garçon, la minute d'après, il saute partout en tenant un bout de ficelle ou raconte une longue histoire sans queue ni tête.

J'ai voulu lui faire un gros câlin d'anniversaire ce matin au réveil: peine perdue, il était occupé à monter et descendre du canapé.

Tout à l'heure, dans la voiture, nous avons eu une grande conversation sur les squelettes, les organes qui se décomposent (ou pas), les gens qui meurent pour telle ou telle raison.

***

Quand il sera grand, il veut être explorateur, jardinier et astronome (mais surtout explorateur).

En attendant, il joue beaucoup aux Légo, fait et défait sans cesse de grandes constructions, mais n'utilise presque jamais les petits personnages fournis avec la boîte de Légo. Il les pose au sommet de la "navette spatiale", et basta.

Il a fêté son anniversaire avec des copains samedi dernier. C'était la première fois: les autres années, cela ne l'intéressait pas. Nous avons invité plusieurs voisins, écrit les cartons d'invitation ensemble. Un jour, nous avons croisé la maman de Paul, qui ne pouvait pas venir. "Ce n'est pas grave", m'a dit Zébulon, "il n'y a qu'à inviter un autre Paul". 
Le jour de la fête, quand on lui dit "joyeux anniversaire" en présentant un cadeau, il répond "joyeux anniversaire".

Il aime aller à Disneyland (vive le passeport annuel!), particulièrement les manèges de Buzz l’Éclair et de Peter Pan. Il croit fermement que le manège "de l'espace" nous emmène VRAIMENT dans l'espace. Et si nous pouvons aller plusieurs fois dans ses attractions préférées, c'est parce que nous avons depuis peu une carte d'accès prioritaire. 

Il joue aux Légo (encore), construit une muraille et décrit: "et là, je me suis retrouvé nez à nez avec une brique".

Il connaît par cœur tous les engins de chantier et reste volontiers une dizaine de minutes à observer les camions qui vont et viennent.

Il a deux AVS à l'école et ne s'est jamais étonné d'avoir des adultes "rien que pour lui" en classe. Il a apporté en fin de période un cahier de travail où se côtoient les "TB" et les gribouillages sans fil directeur apparent.

Les jours de pluie, il prend grand plaisir à sauter dans les flaques avec ses bottes en caoutchouc et à partir à la chasse aux escargots.

Après les vacances, il va avoir deux séances de rééducation par semaine (psychomotricienne et orthophoniste), plus le rendez-vous mensuel chez le pédopsychiatre, l'école du cirque et les cours de natation. Je me demande combien de temps je vais tenir à ce rythme en travaillant à plein temps.

Il accourt pour consoler Petite Fleur quand elle se fait mal (quelquefois, il va même lui chercher son doudou) mais parfois, il la pousse ou la pince sans raison apparente, et ne semble pas comprendre la nécessité de dire pardon.

Quand je m'énerve, il me dit d'une petite voix: "J'ai très peur que tu ne m'aimes plus". Je lui répète invariablement que je l'aimerai toujours, quoi qu'il advienne. Parfois, nous faisons un gros câlin; parfois, il se dégage brusquement de mes bras et je récolte un coup de coude au passage.

Ainsi va la vie.



2 commentaires:

  1. Un texte magnifique.
    Bravo à toi. Courage.
    Il a de la chance de t'avoir ton zébulon..
    Et tu as de la chance de l'avoir, aussi

    RépondreSupprimer

Pour les commentaires, c'est par ici!